La guerre en Ukraine et le réarmement mondial imposent un ‘’effort durable’’ de l'industrie de l’armement pour produire davantage et plus rapidement, a insisté jeudi le président français Emmanuel Macron en posant la première pierre d'une usine de poudre pour obus à Bergerac (Dordogne), dans le sud-ouest de la France.

Plusieurs médias locaux ont rapporté les propos du chef de l’État français en présence d’industriels de l’armement affirmant : ’’nous sommes partis durablement pour nous installer dans un changement géopolitique, géostratégique où les industries de défense vont avoir un rôle croissant’’.

Le locataire de l’Élysée exhorte les industriels du secteur de la défense à passer à la vitesse supérieure, synonyme d’une ’’économie de guerre afin de continuer à soutenir activement Kiev face à Moscou".

Le dirigeant français estime que ‘’l'effort à fournir est urgent (…) Il faut aller vite, fort, massifier, mais il est aussi durable’’. Et d’expliquer : ‘’Le monde dont nous parlons, il ne s'arrêtera pas si demain la guerre se termine, parce qu'il y a un réarmement massif (...) de la Russie et parce que vous voyez partout en Europe les dépenses militaires, les commandes augmenter’’, rapporte France 24.

Emmanuel Macron a aussi appelé les Européens à faire de même (produire davantage et plus vite, ndlr) pour aider militairement l’Ukraine.

‘’Nous ne pouvons pas lâcher l'Ukraine parce que l'Ukraine, c'est à 1 500 kilomètres d'ici, c'est à dire c'est notre propre sécurité’’, a-t-il insisté. ‘’Si les financements américains ne sont pas là, nous, Européens, nous devons nous mobiliser et donc en Européens, bâtir des solutions de financement nouvelles’’, a-t-il recommandé, alors qu'une aide américaine de 60 milliards de dollars est toujours bloquée au Congrès.

La pose de la première pierre réalisé par Emmanuel Macron sur le site d'Eurenco, leader européen des poudres et explosifs, doit se concrétiser par l'ouverture début 2025 d'une nouvelle usine de poudre indispensable à la propulsion d'obus, avec une capacité de production de 1 200 tonnes de poudre par an.

Le site de Bergerac en activité depuis 1915 avait été démantelé en 2007, faute de commandes suffisantes. La demande avait repris avant le début de la guerre en Ukraine, et les commandes d'Eurenco s'étalent désormais jusqu'en 2030 représentant 1,2 milliard d'euros sur les six derniers mois.

‘’la relocalisation des poudres, qui avait été en effet abandonnée, montre qu'il n'y a pas de fatalité industrielle’’, a déclaré le président français. Selon l’Élysée, la production de corps de bombes de 250 kilos a également été relocalisée en France.

Accompagné à Bergerac des ministres de l'Économie Bruno Le Maire et des Armées Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron a rencontré des responsables de l'industrie française de l'armement sur le thème du réarmement.

Parmi eux, les patrons de MBDA Éric Béranger, de Thales Patrice Caine, de KNDS France (ex-Nexter) Nicolas Chamussy, ou encore Bruno Durand, président d'Aubert et Duval, fabricant d'aciers spéciaux utilisés pour les sous-marins, les avions ou encore les canons Caesar.

Une vingtaine de projets de relocalisations, y compris par l'innovation, sont soutenus par les pouvoirs publics dans le cadre de l' ‘’économie de guerre’’, indique France 24 citant l'Élysée.

Le chef de l'État avait fustigé lors de ses vœux aux Armées en janvier une ‘’forme d'engourdissement satisfait’’ de l'industrie de défense avant la guerre en Ukraine.

‘’On ne peut laisser la Russie penser qu'elle peut gagner (...). Une victoire russe, c'est la fin de la sécurité européenne’’, avait-il soutenu.

Source: AA