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- Le 22 Novembre 2024
Les difficultés d’approvisionnement dans la province britannique, conséquences du Brexit, ont participé à créer un sentiment de trahison chez les unionistes.
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a condamné les nouvelles violences survenues dans la nuit de mercredi 7 à jeudi 8 avril en Irlande du Nord. « La façon de résoudre les différends, c’est par le dialogue et non la violence ou la criminalité », a-t-il tweeté, faisant part de sa « profonde préoccupation ». Ces violences surviennent après une semaine d’émeutes, qui montrent que le feu couve dans la province britannique, où les conséquences du Brexit créent un sentiment de trahison chez les unionistes, attachés à la couronne.
La foule s’est rassemblée sur Lanark Way, à Belfast, « où un autobus a été incendié », a rapporté la police. Des incendies ont été signalés sur cette avenue, où d’énormes barrières métalliques séparent un quartier catholique d’un quartier protestant, selon la correspondante de la BBC. « Des centaines de personnes de chaque côté ont jeté des cocktails Molotov », a-t-elle tweeté. La circulation du métro a été suspendue, a annoncé l’agence de presse Press Association.
La première ministre nord-irlandaise, Arlene Foster, a déclaré sur Twitter : « Il ne s’agit pas d’une protestation. C’est du vandalisme et une tentative de meurtre. Ces actions ne représentent ni l’unionisme ni le loyalisme. »
La semaine dernière, des violences ont d’abord éclaté dans la ville de Londonderry, avant de gagner un quartier loyaliste de Belfast et ses environs pendant le week-end de Pâques. Ces incidents font resurgir le spectre des trois décennies sanglantes de « troubles » entre républicains et unionistes, qui ont fait 3 500 morts.
L’accord de paix signé en 1998 a estompé la frontière entre la province britannique et la République d’Irlande, mais le Brexit est venu fragiliser le délicat équilibre, en nécessitant l’introduction des contrôles douaniers entre Royaume-Uni et Union européenne. Après d’âpres négociations, Londres et Bruxelles sont parvenus à s’accorder sur une solution, le protocole nord-irlandais, qui permet d’éviter le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande en déplaçant les contrôles dans les ports nord-irlandais.
Malgré une période de grâce destinée à permettre aux entreprises de s’adapter, les nouvelles dispositions, qui de fait maintiennent l’Irlande du Nord dans l’union douanière et le marché unique européens, entraînent des perturbations dans les approvisionnements. Mais, au-delà, nombre d’unionistes éprouvent un sentiment de trahison.
Boris Johnson « a promis un accès sans entraves, ce qui n’est pas le cas », a déclaré mercredi sur BBC Radio 4 la ministre de la justice nord-irlandaise, Naomi Long. « Ils ont nié l’existence de toute frontière, alors même que ces frontières étaient érigées », a-t-elle ajouté.
Selon la spécialiste des questions de police-justice au Belfast Telegraph, Allison Morris, les émeutiers s’intéressent peu aux complexités des questions commerciales nées du Brexit, mais « sont en colère ». « Ils comprennent qu’ils ont été trahis précisément par le gouvernement britannique envers lequel leurs parents, leurs grands-parents et leurs arrière-grands-parents faisaient preuve d’une loyauté servile », a-t-elle écrit.
Certains pensent également que les négociateurs du Brexit ont cédé aux nationalistes, qui ont tacitement menacé d’une réponse sanglante à la perspective de toute reprise des contrôles à la frontière irlandaise. « Cela a créé un précédent explosif selon lequel beaucoup de jeunes loyalistes regardent le protocole et arrivent à la conclusion que la violence est récompensée », a déclaré le militant unioniste Jamie Bryson au journal News Letter.
Mais le Brexit ne représente que l’un des aspects d’une crise plus large chez les unionistes en Irlande du Nord. En 2017, ils ont perdu leur majorité historique à l’Assemblée régionale de Stormont. Puis, en 2019, les élections britanniques ont pour la première fois envoyé plus de députés nationalistes que d’unionistes à Westminster. S’y ajoutent les signes d’un mouvement démographique, avec la jeune génération, vers les nationalistes, donnant aux unionistes le sentiment d’être une minorité assiégée.
Source : Le Monde