Vjosa Osmani, une juriste réformiste et féministe devient présidente du Kosovo

Agée de 38 ans, la professeure de droit et appartient à une nouvelle génération politique dans le territoire des Balkans, qui s’engage à éradiquer la corruption généralisée.

« Je promets de renforcer l’Etat, l’Etat de droit. » Vjosa Osmani, une juriste de 38 ans très populaire, a été élue présidente du Kosovo dimanche 4 avril. Son élection consacre l’arrivée aux commandes d’une classe politique d’une nouvelle génération déterminée à en finir avec la corruption. En prêtant serment, elle s’est engagée à être la « présidente de tous » : « Nous ne sommes pas si nombreux pour nous diviser. Ma porte sera ouverte à tous. » Les législatives de février avaient fini d’entériner la chute de la vieille garde des commandants indépendantistes de la guerre, contre les forces serbes à la fin des années 1990.

Le mouvement réformiste de gauche Vetëvendosje (VV) du nouveau premier ministre Albin Kurti, allié à Vjosa Osmani, a obtenu une écrasante victoire en promettant d’éradiquer la captation des ressources de l’Etat, dans le territoire rongé par la pauvreté et l’instabilité politique. Deux semaines après l’intronisation du gouvernement de M. Kurti, Vjosa Osmani a recueilli au Parlement une majorité simple de 71 voix sur 120 députés au troisième tour de scrutin.

La victoire est restée incertaine jusqu’au dernier moment, du fait du boycott de la séance parlementaire par des partis d’opposition, en particulier les formations des anciens guérilleros et par des représentants de la minorité serbe.

La montée en puissance des femmes

« Les femmes ont le droit d’être là où elles le veulent », a dit Mme Osmani, peinant à retenir ses larmes. « N’arrêtez pas, n’arrêtez pas d’aller de l’avant. Tous vos rêves peuvent devenir réalité », a-t-elle lancé. Cette élection confirme la montée en puissance des femmes sur la scène politique de l’ancienne province de Belgrade, qui a déclaré son indépendance en 2008. Le gouvernement actuel compte six femmes ministres sur quinze, soit un niveau jamais atteint dans un territoire où les idées patriarcales sont profondément enracinées. Sur 120 députés, un tiers sont des femmes.

La nouvelle équipe aura fort à faire dans un Kosovo miné par les maux économiques et sociaux, où le salaire moyen est de 500 euros et où les jeunes, confrontés à un taux de chômage de 50 %, cherchent massivement leur salut dans l’émigration en Suisse ou en Allemagne. Albin Kurti et Vjosa Osmani ont promis la « justice et des emplois » mais aussi d’intensifier les efforts pour obtenir des vaccins contre la pandémie du Covid-19, qui a fait plus de 1 900 morts et submerge des services de santé fragiles.

Issue de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK, centre droit), la féministe et professeure de droit avait déjà occupé pendant quelques mois, la présidence par intérim en remplacement d’Hashim Thaçi, inculpé pour crimes de guerre en novembre par la justice internationale.

Réuni initialement samedi, le Parlement avait dû suspendre les opérations, le quorum de 80 députés nécessaires pour valider l’élection de la présidente n’ayant pas été réuni. Aux termes de la Constitution, une absence de quorum aurait provoqué de nouvelles législatives anticipées, les sixièmes depuis l’indépendance.

Le nouveau pouvoir sera soumis aux pressions renouvelées de l’Union européenne et des Etats-Unis, le plus grand allié du Kosovo, pour relancer le dialogue avec la Serbie. Les pourparlers patinent alors que Belgrade n’a toujours pas reconnu son ancienne province, ce qui est une source majeure de tensions dans les Balkans.

Source : Le Monde avec AFP

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