Pourquoi l’adhésion de l’Arménie à la Cour pénale internationale est-elle importante?

Les élus arméniens se sont exprimés en faveur de la ratification du statut de Rome, traité fondateur de la CPI, au grand dam de la Russie.

Le Parlement arménien a ratifié mardi son adhésion à la Cour pénale internationale (CPI). Les élus arméniens se sont exprimés en faveur de la ratification du statut de Rome, traité fondateur de la CPI, à 60 voix contre 22. Mais pour quelles raisons Erevan a pris cette décision ? Et pourquoi Moscou s’en offusque ? 20 Minutes fait le point pour vous.

Pourquoi l’Arménie adhère à la CPI maintenant ?

L’Arménie avait signé le statut de Rome en 1999 mais ne l’avait pas ratifié, évoquant alors des contradictions avec sa Constitution - un obstacle levé depuis. Mardi, les partis d’opposition, qui contrôlent 36 des 107 sièges au Parlement, avaient protesté contre l’ouverture des débats un peu plus tôt en quittant la séance.

L’Arménie espère que son adhésion lui offrira une protection supplémentaire contre son puissant voisin azerbaïdjanais, qui vient de remporter une victoire militaire éclair, mettant fin au séparatisme des Arméniens du Haut-Karabakh. Erevan, qui accuse la Russie de l’avoir abandonné face à un adversaire bien plus riche et mieux armé, s’inquiète désormais pour la sécurité de son territoire.

Rejoindre la CPI « créerait des garanties additionnelles pour l’Arménie » face à l’Azerbaïdjan, avait plaidé lors de l’ouverture des débats mardi Eghiche Kirakosian, un responsable arménien chargé des affaires de justice internationale. Ratifier ce statut garantit qu’une potentielle invasion de l’Arménie « relèvera de la compétence de la CPI », ce qui aura un « effet dissuasif », avait-il déclaré devant les élus arméniens.

Quelle est la position de Moscou ?

La Russie s’est étranglée suite à ce vote qui marque un nouveau différend entre les deux alliés traditionnels aux relations désormais tendues. Moscou voit cette adhésion d’un très mauvais œil, la Cour ayant émis au printemps un mandat d’arrêt contre le président Vladimir Poutine pour la « déportation » d’enfants ukrainiens vers la Russie. Sans surprise, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a critiqué une décision « erronée », disant douter que cela soit « correct du point de vue des relations bilatérales ».

Il a estimé qu’Erevan n’avait d’ailleurs « rien de mieux » que l’alliance avec Moscou, tout en condamnant une nouvelle fois le mandat d’arrêt « illégal » émis par la CPI contre Vladimir Poutine. Le Kremlin avait prévenu dès jeudi dernier qu’une adhésion serait perçue comme « extrêmement hostile ».

En quoi cette adhésion est-elle représentative de la dégradation des relations entre Russie et Arménie ?

Cette nouvelle brouille survient au moment où les relations entre l’Arménie et la Russie traversent une zone de turbulences. Erevan, qui s’était rapproché de l’Occident ces derniers mois, s’est sentie lâchée pendant la récente offensive de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh - ce que le Kremlin nie.

La Russie avait déployé il y a trois ans une force de maintien de la paix dans ce territoire après une brève attaque de l’Azerbaïdjan. Mais ses troupes n’ont pas bougé lors de la dernière offensive éclair de Bakou. Mardi, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a pourtant applaudi l’action de ce contingent, remerciant les soldats pour leur « altruisme et professionnalisme, qui ont permis d’éviter de nouvelles victimes ». Au total, près de 600 morts sont à déplorer dans le sillage de l’offensive.

Que dit l’Union européenne ?

Du côté de l’Union européenne, le temps est plutôt à la réjouissance. Mardi, la présidente de la Commission européenne a salué cette ratification. « Le monde devient de plus en plus petit pour l’autocrate du Kremlin », a glissé Ursula von der Leyen sur le réseau social X (anciennement Twitter).

Même son de cloche du côté de Paris. « Depuis Erevan, je salue la décision du Parlement arménien de ratifier le Statut de Rome et de permettre ainsi à l’Arménie de devenir État partie à la Cour pénale internationale », a déclaré la cheffe de la diplomatie française sur X (ex-Twitter). Catherine Colonna a ajouté : la « lutte contre l’impunité des crimes est une condition de la paix et de la stabilité ».

Source: 20minutes

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