Célébration du Mawlid al-nabaoui à Kairouan : grand festival de spiritualité

Prières, prêches et invocations d'un côté, manifestations culturelles, commerciales et artistiques de l'autre, c'est dans cette ambiance que se déroule, chaque année, la célébration du Mawlid al-nabaoui qui commémore la naissance du prophète Mohamed, dans la ville de Kairouan, située au centre de la Tunisie.

Des milliers de Tunisiens venus des quatre coins du pays, et des visiteurs en provenance d'autres contrées affluent, durant deux jours, vers la quatrième ville sainte de l'islam, après la Mecque, Médine et Jérusalem, pour se ressourcer et se recueillir près de ses nombreux sanctuaires.

Autour de la mosquée Okba Ibn Nefaâ ou la Grande Mosquée comme l'appellent les Kairouanais, construite en l'an 50 de l’Hégire, de grandes foules sillonnent les artères de la ville générant une fête en fanfare, au milieu d'un important dispositif sécuritaire.

En plus de son importance religieuse, ce rendez-vous annuel vise à valoriser le patrimoine culturel et les expressions rituelles qui s’y attachent, ce qui donne à cette occasion une connotation à la fois festive et spirituelle.

*Kairouan, une ville à part

La capitale des Aghlabides est le centre des célébrations commémoratives de l'anniversaire du prophète, compte tenu de la valeur historique de cette ville considérée comme pilastre de la culture islamique en Tunisie. La célébration se déroule à travers des cercles de commémoration, des chants religieux, des supplications et des concours de mémorisation du Coran.

Le sanctuaire d'« Abu Zamaa al-Balawi », que les habitants appellent « Sidi al-Sahbi », a été créé en mémoire du grand compagnon du prophète Abu Zamaa al-Balawi. Le lieu est devenu très prisé par les locaux et les étrangers.

La construction du sanctuaire remonte au règne de Hamouda Pacha Al-Muradi en 1072 AH/1663 après JC. Muhammad bin Murad entreprit, ensuite, sa reconstruction.

La biographie du prophète est récitée dans la « Mosquée Okba Ibn Nefaâ», l'un des plus anciens monuments islamiques de la Tunisie et de l'Afrique du Nord.

La célébration a été marquée par des activités religieuses, notamment des concours de récitation du Saint Coran, un concours d'appel à la prière et un autre pour le rappel de la biographie du prophète, en plus de la tenue de conférences et de colloques.

En marge des manifestations religieuses, de différentes activités commerciales et culturelles s'organisent et auxquelles s'invitent aussi des chercheurs et de grands intellectuels du monde musulman.

Les visiteurs arpentent les ruelles de l'ancienne cité, visitent ses monuments historiques et religieux, et déambulent dans les marchés présentant les produits des artisans tunisiens et de délicieuses friandises locales, dont le « makroud ». Une véritable immersion dans la culture tunisienne.

Les commerces tissent alors leur toile et les affaires tournent sans entraver le rythme religieux.

*L'assida du Mawlid

En Tunisie, qui dit Mawlid al-nabaoui dit Assida. Les Tunisiens s’activent pour faire les emplettes du Mawled. A Kairouan, la plupart des familles préparent l’Assida bidha (blanche), à base de farine, avec de l'huile d'olive, du sucre ou du miel et des dattes pour la garniture.

Néanmoins, l'assida zgougou reste le dessert-roi. Composée de farine, de graines de pin d’Alep, et de fruits secs, ce dessert typiquement tunisien est indétrônable au Mawlid, malgré l'inflation et la hausse vertigineuse des prix de ses ingrédients.

A Kairouan comme ailleurs, et à l'instar des concours de psalmodie du Coran et de chants liturgiques, des concours pour la préparation et la décoration de la meilleure assida sont organisés.

Fidèles à la tradition, les Tunisiens s'échangent des bols d'assida entre voisins et membres de la famille, accordant à l'aspect esthétique des bols de l'assida la même importance que le goût de la recette.

On y trouve une myriade de fruits secs pour varier les formes décoratives et leurs couleurs (pistaches, noix, noisettes, etc.). Au cours des dernières années, des variantes de l'assida zgougou existent également, remplaçant la crème de pin par de la crème de noisettes, pistaches ou autres fruits secs.

Entre piété et tradition, la commémoration de la naissance du prophète en Tunisie et à Kairouan particulièrement crée une dynamique économique et socio-culturelle dans le pays. C'est une occasion pour la promotion du patrimoine artisanal et culinaire typique du pays.

Source: AA

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