France : des intellectuels dénoncent la volonté de créer un "droit spécifique pour les musulmans"

Plusieurs intellectuels français ont dénoncé la volonté de « traitement spécifique pour les musulmans », formulée par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe.

Ces intellectuels s'exprimaient dans une tribune élaborée par l’économiste de la Fondation Copernic Pierre Khalfa et l’universitaire Bertrand Badie, et rendue publique récemment dans la presse française.

En effet, dans son dernier livre, « Des lieux qui disent », Edouard Philippe écrit qu’il faudra peut-être prévoir « un droit et une organisation spécifique aux musulmans ».

Comme le rappelle le texte, l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron, de 2017 à 2020 a réitéré ses propos dans une interview à France-Inter le matin du 13 septembre en indiquant que « la loi de 1905 n’est peut-être pas en mesure de traiter la spécificité de l’islam ».

En outre, il a estimé «qu’un jour cette question d’une organisation spécifique avec des obligations particulières imposées aux fidèles et aux responsables des communautés musulmanes, sera posée».

Avec cette sortie, Philippe propose l’idée d’une « forme de concordat ».

Rappelant que « c’est la première fois qu’un responsable politique de ce niveau envisage explicitement un traitement différencié des religions et une remise en cause aussi brutale de la loi de 1905 », les signataires du texte dont Patrick Baudouin, président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) l’avocat Vincent Brengarth, rappellent que cette « dernière instaure d’une part une double séparation, celle des institutions publiques et du religieux, et par conséquent la liberté des religions à s’organiser comme elles l’entendent, et d’autre part l’égalité des religions devant la loi ».

Ainsi pour les intellectuels, « Edouard Philippe s’attaque à ces deux principes fondamentaux ».

- Rupture avec la loi de 1905

Rappelant que le concordat proposé par Phillipe « remet en cause cette double séparation » et, donc, « il s’agit, en rupture complète avec la loi de 1905, d'une volonté de contrôle d’une religion par la puissance publique et donc de la fin de la séparation entre religieux et politique puisque le pouvoir aurait la possibilité, selon les mots mêmes d’Edouard Philippe, de dire son mot sur l’organisation du culte musulman ».

Tout en faisant référence « à une même pratique pendant l’époque coloniale en Algérie », les signataires estiment que « c’est de l’égalité des citoyens devant la loi dont il est ici question ».

« On voit là où aboutissent la hantise de l’islam et une islamophobie qui maintenant s’assume sans vergogne », précisent encore les auteurs du texte, rappelant que « toutes les religions peuvent avoir « de fortes tendances intégristes y compris dans le judaïsme et le christianisme ».

Ajoutant que la laïcité « a permis sinon d’éviter les conflits », les signataires concluent que « c’est ce cadre qu’Edouard Philippe envisage de remettre en cause et ce sont encore les musulmanes et musulmans qui en paieront le prix ».

Source: AA

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