Simon Stiell : Les catastrophes climatiques extrêmes ne sont que le signe de ce qui nous attend

Les phénomènes météorologiques extrêmes observés dans le monde entier ne sont qu'un signe de ce qui nous attend, a averti le plus haut responsable des Nations unies en matière de climat.

Toutes ces catastrophes climatiques, de la sécheresse aux incendies de forêt ou encore aux inondations, nous rappellent qu'il est urgent d'agir, a déclaré Simon Stiell, Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), lors d'une interview exclusive accordée à Anadolu, dans la capitale kenyane, Nairobi.

"Ce que nous observons, c'est l'accélération des impacts et des effets du changement climatique, un phénomène tout à fait étonnant, nous avons vu récemment des records sans cesse battus, et ce n'est qu'un signe de ce qui nous attend", a-t-il déclaré.

Stiell, qui se trouvait à Nairobi pour le premier sommet africain sur le climat, a évoqué des exemples de phénomènes météorologiques extrêmes, notamment la sécheresse qui sévit actuellement en Afrique de l'Est et qui touche particulièrement le Kenya, où se tenait le sommet.

Cette sécheresse, la pire que la région ait connue depuis au moins 40 ans, a déplacé des millions de personnes et en a poussé d'autres au bord de la famine.

L'année dernière, l'Afrique de l'Est a connu une invasion de criquets pèlerins qui, selon les experts, a été la pire depuis 70 ans pour le Kenya et depuis au moins 25 ans pour l'Éthiopie et la Somalie.

S'agissant du sommet, le responsable onusien a déclaré que les engagements importants pris lors de l'événement ont permis d'espérer des mesures concrètes, mais le défi réside dans leur mise en œuvre effective.

L'événement a rassemblé des dirigeants et des décideurs de toute l'Afrique pour faire face à la crise climatique, offrant "une occasion d'exposer les priorités de l'Afrique, mais aussi de proposer des solutions", a-t-il déclaré.

"La collaboration transfrontalière est absolument essentielle dans les négociations climatiques plus larges, qui permettent d'unifier les voix régionales en vue de la COP28 prévue à la fin de l'année", a-t-il ajouté, faisant référence à la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.

 

** "Une action concrète sur le terrain"

Le Sommet africain sur le climat a été marqué par "un engagement fort des dirigeants de la région", a déclaré Simon Stiell.

Il a reconnu que des acteurs tels que les États-Unis, les Émirats arabes unis et l'Union européenne avaient pris des engagements importants, mais a souligné que le véritable défi résidait dans la mise en œuvre de ces engagements.

Les engagements sont des signaux positifs, mais ils ne sont qu'une infime partie de ce qui est nécessaire à l'échelle mondiale, en particulier pour soutenir les nations vulnérables et en développement, a-t-il ajouté.

Ce qui importe, c'est la manière dont "cela se traduit par une action concrète sur le terrain", a-t-il souligné.

En ce qui concerne les initiatives dans le domaine de l'énergie, Stiell a indiqué que des efforts tels que la Stratégie et la Feuille de route de l'UE pour l'hydrogène vert et la promesse de soutien financier de 4,5 milliards de dollars des Émirats arabes unis pour la transition énergétique, sont autant d’avancées encourageantes.

"Nous savons également que les initiatives prises à l'occasion d'événements tels que celui-ci sont loin d'être suffisantes pour répondre aux besoins, mais elles envoient un signal très fort", a souligné le responsable onusien.

Mercredi, lors de la clôture du sommet, les dirigeants ont adopté la déclaration de Nairobi, qui appelle à un soutien mondial en faveur de l'Afrique.

La déclaration propose "une nouvelle architecture de financement qui réponde aux besoins de l'Afrique, notamment en matière de restructuration et d'allègement de la dette, incluant l'élaboration d'une nouvelle charte mondiale du financement du climat par le biais des processus de l'AGNU (Assemblée générale des Nations unies) et de la COP (Conférence des parties) d'ici à 2025".

La déclaration met l'accent sur la nécessité d'un soutien financier aux pays développés, pour qu'ils puissent, notamment, respecter leur engagement de fournir 100 milliards de dollars de financement annuel pour la lutte contre le changement climatique.

En ce qui concerne le rôle de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dans la lutte contre le changement climatique, Stiell a réitéré l'engagement de la CCNUCC à soutenir les efforts internationaux visant à réduire les émissions et à freiner le réchauffement de la planète.

Le mandat de la CCNUCC comprend la fourniture d'un soutien aux nations en développement, en mettant l'accent sur les communautés locales, a-t-il déclaré.

Elle s'efforce de fournir "un soutien et un espace de représentation, qu'il s'agisse des peuples autochtones, des communautés, ou encore des villes, à l'échelon infranational", a-t-il ajouté.

"Nous avons conscience que les actions et les progrès réels se produisent sur le terrain, au sein des communautés locales", a affirmé Simon Stiell.

Source: AA

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