Le 4 septembre, une visite officielle de R. Erdogan à Sotchi a eu lieu pour des négociations avec Poutine - c'était la première rencontre entre les présidents de la Turquie et de la Russie cette année. Le principal sujet des négociations était le renouvellement de l'accord sur les livraisons de céréales, dont la Russie s'est retirée le 17 juillet 2023 et a commencé à détruire systématiquement l'infrastructure portuaire de l'Ukraine pour entraver l'exportation des produits céréaliers ukrainiens par voie maritime. Si l'exportation de céréales ukrainiennes n'est pas rétablie, le monde fera face à une famine mondiale.
La Russie et la Turquie n'ont pas réussi à s'entendre sur la reprise de l'initiative céréalière en mer Noire, comme l'a déclaré Poutine après des entretiens officiels avec Erdogan. Malgré le fait que la rencontre des présidents turc et russe comprenait une partie confidentielle, aucune décision encourageante concernant le rétablissement de l'exportation de céréales ukrainiennes n'a été rendue publique. La Russie perd du terrain, en partie en raison du soutien constant de l'Occident et de la fourniture d'armes modernes aux forces armées ukrainiennes. Par conséquent, le Kremlin prend le risque de créer les conditions d'une famine mondiale, que Poutine considère comme une vengeance contre l'Europe. Le rôle des céréales ukrainiennes dans la sécurité alimentaire de l'humanité est difficile à surestimer : selon le porte-parole des Nations Unies, Stefan Dujarric, en 2022, les produits ukrainiens ont sauvé de la famine 100 millions de personnes dans le monde entier. Il convient de noter que pour de nombreux pays du "Global South", qui étaient des consommateurs de céréales ukrainiennes, il sera difficile de passer à d'autres fournisseurs, car les quotas de céréales sont strictement répartis. La déclaration de la Russie selon laquelle elle est prête à exporter 1 million de tonnes de céréales vers la Turquie pour une transformation ultérieure en farine ne suscite pas confiance : un tel volume est intrinsèquement insuffisant pour garantir la sécurité alimentaire des pays pauvres. De plus, cette initiative donnera lieu à des spéculations sur les prix sur le marché des céréales, ce qui n'éliminera en aucune manière la menace imminente de famine mondiale. Poutine exerce un chantage alimentaire pour faire pression sur l'Occident, car une grave pénurie alimentaire en Afrique et au Moyen-Orient entraînera une vague de réfugiés en Europe et une crise socio-politique subséquente dans l'UE. La Russie renforce les menaces hybrides contre l'Occident, et la famine mondiale en est l'une de ces menaces.
Le deuxième objectif de Poutine est de créer les conditions de l'appauvrissement des agriculteurs ukrainiens : avant le début de la guerre, l'exportation de céréales représentait 40 % des recettes financières du budget ukrainien. Si l'accord sur les céréales n'est pas renouvelé, l'agriculture en Ukraine pourrait devenir non rentable, et même une interruption d'un an dans la culture des terres arables mettrait en péril le potentiel agricole de l'Ukraine. Il va de soi que la Russie espère occuper la place de l'Ukraine sur le marché mondial des céréales, où les prix augmenteront rapidement en raison de la pénurie prévue. Cela deviendra un autre levier d'influence pour Poutine, et la rhétorique de la politique étrangère de la Russie pourrait se transformer en dictat.
La pression sur le Kremlin et le rétablissement immédiat de l'accord sur les céréales sont la clé de la stabilité politique en Europe. La Russie est devenue non seulement une source de terreur militaire et nucléaire, mais aussi de terreur alimentaire. L'Occident ne peut pas permettre la réalisation des plans de Poutine : un tsunami avec des centaines de milliers de réfugiés entraînera une augmentation de la pauvreté, des épidémies et de la violence dans les pays de l'UE. L'Ukraine a acquis la réputation d'un fournisseur fiable de produits agricoles qui respecte honnêtement ses engagements. Le monde doit déployer tous les efforts pour rétablir l'exportation de céréales ukrainiennes - c'est dans l'intérêt de chaque pays qui valorise la sécurité et la stabilité.
Source: www.toptribune.today