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- Le 22 Novembre 2024
Un homme haut placé remet des documents confidentiels contre de l'argent à un agent étranger : la scène évoque bien des films ou romans d'espionnage. Elle est plus rarement observée - de ce que l'on sait - dans le monde réel. C'est pourtant ce qu'il s'est passé, mardi soir, dans les rues de Rome, alors qu'un officier de la marine italienne a été aperçu en train d'échanger des dossiers classifiés à un militaire russe en échange de 5000 euros. Voici ce que l'on sait sur ce flagrant délit d'espionnage, auquel la Russie assure être étrangère.
"Dans la soirée d'hier" (mardi), des gendarmes d'une unité spéciale "ont arrêté un officier de la marine militaire", ont déclaré les forces de l'ordre italiennes dans un communiqué. L'opération, réalisée sous la supervision du contre-espionnage italien et de l'état-major de la Défense, "a visé un capitaine de frégate de la marine militaire et un officier accrédité auprès de l'ambassade de la Fédération de Russie, tous les deux étant accusés de graves délits concernant l'espionnage et la sécurité de l'Etat", ont précisé les forces de l'ordre.
Il s'agit d'un flagrant délit. L'échange "se serait" produit sur un parking de la capitale. Le montant de la transaction, lui, serait de 5000 euros, évidemment réglés en espèces. La nature des documents livrés reste incertaine. Selon l'agence de presse italienne AGI citant des sources judiciaires, l'officier italien "aurait" fourni à son interlocuteur des copies de documents militaires concernant l'Italie mais aussi l'Otan.
En réaction, l'Italie a annoncé, dans la foulée ce mercredi, l'expulsion "immédiate" de deux fonctionnaires russes de l'ambassade à Rome. On ignore dans l'immédiat si l'officier pris en flagrant délit figure au nombre des expulsés.
Le ministère italien des Affaires étrangères a également convoqué, ce mercredi, l'ambassadeur de Russie à Rome, auquel "nous avons transmis la ferme protestation du gouvernement italien et notifié l'expulsion immédiate de deux fonctionnaires russes impliqués dans cette très grave affaire", a annoncé en milieu de journée le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maio.
A Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a affirmé que la présidence russe ne "disposait d'aucune information sur les causes et les circonstances" de cette affaire. "Nous espérons que le caractère positif et constructif des relations russo-italiennes (...) sera préservé", a-t-il ajouté. La diplomatie russe, citée par l'agence Interfax, a indiqué qu'elle communiquerait "plus tard" sur la réponse à apporter aux expulsions.
Cette affaire intervient sur fond de tensions dans les relations entre la Russie et l'Europe, notamment à cause de l'emprisonnement de l'opposant Alexeï Navalny et de plusieurs autres cas d'espionnage. Moscou accuse l'Union européenne d'avoir une position "conflictuelle" à son égard, tandis que l'UE impute à la Russie la dégradation des relations, l'exhortant à des "progrès soutenus" sur les droits humains, ainsi qu'à "la cessation des cyberattaques" contre ses Etats membres.
Par ailleurs, la Bulgarie a annoncé il y a une dizaine de jours l'expulsion de deux diplomates russes après la découverte d'un réseau d'espionnage présumé au profit de la Russie, une décision qui intervient là aussi dans un contexte de tensions entre ces deux pays. Enfin, un officier français en poste sur une base de l'Otan en Italie soupçonné d'avoir fourni des documents ultra-sensibles aux services secrets russes a été écroué en août à Paris.
Pour sa part, le Royaume-Uni a dénoncé mercredi les actions "malveillantes et déstabilisatrices de la Russie" après l'expulsion par l'Italie de deux fonctionnaires de l'ambassade russe à Rome accusés d'être impliqués dans une affaire d'espionnage. "Le Royaume-Uni est solidaire de l'Italie et des mesures prises aujourd'hui pour exposer et agir contre les activités malveillantes et déstabilisatrices de la Russie qui visent à miner notre allié au sein de l'Otan", a déclaré le chef de la diplomatie Dominic Raab sur Twitter.
Source : lexpress