Tunisie : Anadolu accompagne les garde-côtes lors d’une opération pour contrer une tentative d'immigration clandestine

Des jeunes gens et des familles désespérées face aux conditions économiques très difficiles, n'ont trouvé d’autre voie que celle de l’exil via la mer Méditerranée pour espérer échapper à "l'enfer des souffrances" pour trouver le salut et se lancer dans la quête du "rêve européen" sur l'autre rive.

Mais beaucoup d'entre eux ignorent qu'il ne s'agit que d'appâts miroités par les trafiquants d'êtres humains qui les jettent en pleine mer, et que la plupart d'entre eux finiront rejetés sans vie ou seront portés disparus à jamais.

Malgré les tragédies racontées par la mer ces jours-ci et le bilan épouvantable de disparus et de morts dans le sillage de ces rêves fragiles, la cadence de migrations irrégulières depuis les côtes tunisiennes vers l'Italie n'a cessé d'augmenter.

Avec la hausse des candidats à la migration irrégulière, appelée "harga" dans le dialecte populaire des Tunisiens, les efforts de la Garde nationale tunisienne se multiplient avec des opérations pour tenter de contrer cette migration meurtrière.

** 13 opérations

Durant 24 heures, dans les eaux territoriales tunisiennes, l'équipe de photographes d'Anadolu a accompagné la Garde nationale dans ses opérations de surveillance et de lutte contre les opérations de "harga" et de sauvetage des migrants clandestins.

Au cours de cette période, 13 opérations de migration irrégulière ont été déjouées sur les côtes du gouvernorat de Sfax (sud), impliquant des Tunisiens et des personnes de nationalité syrienne, palestinienne, libyenne, soudanaise et le yéménite.

Au moins 700 migrants en situation irrégulière en provenance de pays d'Afrique subsaharienne ont également été secourus.

 

** Frustration et désespoir

 

Parmi les rescapés figuraient 5 familles tunisiennes accompagnées par leurs enfants dans ce périlleux voyage.

Ridha Hajji, un immigré en situation irrégulière dont la tentative de migration a été contrecarrée par la Garde nationale, a déclaré à Anadolu, que "la situation est très difficile en Tunisie, et il y a ceux qui ont voulu jeter son enfant à la mer et mourir avec lui lors de l'opération de sauvetage, car le retour au pays, signifie une vie sans domicile et sans salaire".

"Il y a ceux qui travaillent toute une année pour réunir la somme nécessaire pour payer le passage vers l'Italie", a-t-il expliqué.

Saber Haji, mui aussi migrant irrégulier, a affirmé : "J'ai essayé d'immigrer illégalement pour la quatrième fois, et à chaque fois le processus est contré et nous retournons sur la terre ferme sans espoir".

Et d'ajouter : "Les membres de ma famille m'ont aidé à réunir le prix de l'immigration, qui s'élevait à 6 000 dinars (soit environ 2 000 dollars), et j’ai dû emprunter des sommes à plusieurs amis... Ce n'est plus facile de vivre en Tunisie, nous n’avons même plus les moyens les plus élémentaires pour une vie décente, l'eau potable est polluée et l'électricité est coupée".

Selon les dernières statistiques du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (indépendant), 35 134 Tunisiens sont arrivés en Italie de manière illégale depuis le début de l'année jusqu'au mois de juillet dernier, et plus de 900 personnes sont portées disparues suite à leurs tentatives de traversée des frontières maritimes vers un pays européen.

** Migration inhumaine

À plus d'une occasion, le président tunisien Kaïs Saïed a appelé à mettre fin à ce qu'il a qualifié de phénomène de "migration inhumaine", et à en éliminer ses causes.

Il a souligné que "la traite des êtres humains est devenue l'un des plus grands marchés mondiaux pour les réseaux criminels", qui "font le trafic de ces immigrants, des êtres humains et des organes humains à des fins lucratives et menacent également l'existence des pays et des nations".

Le 16 juillet dernier, la présidence tunisienne a annoncé la signature d'un protocole d'accord avec l'Union européenne pour un "partenariat stratégique et global" entre les deux parties, dans des domaines tels que la promotion du commerce et la lutte contre la migration irrégulière, avec une enveloppe d'une valeur de plus de 750 millions d'euros (soit environ 834 millions de dollars).

L’accord fait suite à une réunion au palais présidentiel de Carthage, entre Saïed, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la Première ministre italienne, Georgia Meloni, et son homologue néerlandais, Mark Rutte.

La Tunisie fait état d’une augmentation alarmante du taux de migration clandestine vers l'Europe, et en particulier vers les côtes italiennes, à cause des répercussions des crises économiques et politiques dans le pays et dans plusieurs autres pays africains, comme c’est notamment le cas en Afrique subsaharienne.

Source: AA

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