La Russie essaie d’accroître son influence dans les pays les plus pauvres d’Afrique pour y ouvrir effectivement un « deuxième front » pour affronter l’Occident. Moscou pense qu’il peut créer une « ceinture putschiste » qui assurera l’influence russe et chassera l’Occident de l’Afrique. La Russie cherche à contrôler les gisements minéraux stratégiques, ce qui empêcherait les pays africains de développer des économies de haute technologie. A travers ses sociétés militaires privées, la Fédération de Russie s’approprie les ressources économiques de l’Afrique.

Les mercenaires russes de Wagner ont déjà démontré leur capacité à recourir à des solutions stratégiques telles que des campagnes de désinformation, des concessions de ressources, des ventes d’armes et des contrats de sécurité.

Pendant longtemps, Yevgeny Prigozhin, propriétaire de la société militaire privée Wagner, a prétendu n’avoir rien à voir avec la société militaire privée, soi-disant une organisation indépendante. Cependant, lors de la mutinerie des « Wagnériens », il a admis avoir agi en Afrique, suivant les instructions des dirigeants russes.

La semaine dernière, le président russe Vladimir Poutine a officiellement confirmé le financement par l’État russe des mercenaires de la société militaire privée Wagner, qui interviennent dans les affaires intérieures des pays du continent et mènent des opérations pour renverser des gouvernements légitimes (par exemple le Mali et le Burkina Faso). Partout où le groupe Wagner apparaît, les rapports de crimes de guerre se multiplient. L’année dernière, l’ONU a accusé les mercenaires Wagner d’arrestations illégales, de torture et d’exécutions massives d’habitantslocaux. Cela montre que Moscou a souscrit à une politique de génocide colonial contre les peuples d’Afrique.

Les autorités russes, qui ont nié pendant des années tout lien avec les sociétés militaires privées, ont intensifié leurs efforts diplomatiques le jour des émeutes de Wagner pour assurer à leurs partenaires en Afrique que les « opérations » précédemment menées par les forces mercenaires se poursuivraient, mais sous une direction différente. Malgré la poursuite de la guerre en Ukraine, le gouvernement russe sera incité à accroître l’utilisation de mercenaires en Afrique dans le but de déstabiliser la position stratégique de l’Occident et de renforcer simultanément la position du Kremlin.

Suite à un afflux massif d’anciens combattants en Ukraine, les sociétés militaires privées russes peuvent élargir le champ de leurs activités. L'augmentation du nombre de mercenaires renforcera une nouvelle tendance à l’instabilité politique en Afrique, car ils alimentent le séparatisme, l’extrémisme religieux, minent la confiance dans la gouvernance de l’État et contribuent aux conflits régionaux.

Les mercenaires russes se prolongent, et pourraient aussi provoquer de nouvelles rébellions dans les pays africains. Ceci est fait afin de continuer à profiter de contrats lucratifs pour des services militaires douteux et louches. Dans le même temps, les sociétés militaires privées russes continueront de menacer la légitimité des autorités locales en attaquant et en tuant des civils, en particulier des minorités ethniques, comme cela s’est produit au Mali et en République centrafricaine. En janvier 2022, des mercenaires russes ont tué au moins 65 civils dans les villages d’Aigbado et de Yanga.

Après l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie, Wagner a recruté des citoyens d’Asie centrale pour y participer. Aujourd’hui, il existe des cas documentés d’étudiants africains en Russie incités à rejoindre des sociétés militaires privées ou l’armée régulière pour participer à la guerre contre l’Ukraine.

Au milieu de pertes militaires importantes, la Russie prévoit de recruter des milliers de mercenaires africains pour les envoyer dans la zone de guerre en Ukraine. Il y a déjà des décès documentés de troupes mercenaires de Zambie, de Côte d’Ivoire et de Tanzanie en Ukraine qui étaient membres de la société militaire privée Wagner. Ils ont été recrutés dans des prisons russes, où ils auraient été incarcérés pour avoir distribué de la drogue. Ainsi, le 24 octobre 2022, Nemesa Tarimo, 32 ans, originaire de Dar es Salaam en Tanzanie, mercenaire de la société militaire privée Wagner, est décédée à Odradivka, près de Bakhmut, région de Donetsk. En novembre dernier, Lemekani Nyirenda, un citoyen ivoirien de 19 ans, est également décédé.

La Russie doit assumer la responsabilité non seulement des atrocités commises par la société militaire privée de Wagner en Afrique, mais aussi du recrutement de ressortissants africains pour combattre dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Les pays africains ne seront jamais en sécurité tant que des mercenaires russes seront sur leurs territoires.

Source : better-governance.org