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L’ex-ministre de l’intérieur et candidat à la présidentielle Fathi Bashagha plaide pour une transition démocratique pacifique et le départ des combattants étrangers.
Ces dernières semaines, la Libye a connu un élan politique inédit, offrant un souffle d’espoir à la population. Sous l’égide de l’ONU, une nouvelle autorité exécutive intérimaire a été élue, présentant un gouvernement d’union nationale avec la confiance d’un Parlement réunifié. Cet élan politique a été encouragé notamment par la France, qui a annoncé la réouverture de son ambassade en Libye, lundi 29 mars, et par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui a insisté sur l’importance de mettre fin au conflit par un processus politique inclusif.
La visite en Libye, le 25 mars, de Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, aux côtés de ses homologues allemand, Heiko Maas, et italien, Luigi Di Maio, témoigne également de la mobilisation de la communauté internationale dans ce moment charnière pour notre pays. Cependant, ces espoirs génèrent également de grandes attentes. L’équilibre demeure fragile et ce gouvernement porte la lourde responsabilité de mener une transition démocratique, transparente et pacifique qui permettra l’organisation des prochaines élections. Il doit à la fois maintenir ses engagements pris devant le peuple libyen, tout en suivant une ligne de conduite exemplaire malgré les divisions et tentations de corruption.
Les intentions sont posées, elles doivent maintenant être réalisées. Ainsi, le premier impératif qui s’impose à ce gouvernement est de respecter le rendez-vous donné pour le 24 décembre aux citoyens libyens : l’organisation des élections présidentielle et législatives. Des élections municipales démocratiques se sont tenues récemment dans plusieurs villes du pays. J’y ai personnellement participé à la mise en place de la sécurité, prouvant que l’organisation est techniquement possible. Le jeu démocratique doit désormais être la nouvelle règle et le mouvement populaire « Hirak for December 24 » montre d’ailleurs à quel point le peuple libyen est déterminé à être le gardien de cet engagement.
Nous aurons besoin de la vigilance des pays partenaires pour tenir ces promesses. Personnellement, je vais poursuivre le combat que j’ai entamé en tant que ministre de l’intérieur ces dernières années, en œuvrant au quotidien contre le clientélisme et la corruption qui gangrènent notre pays. La transition démocratique ne pourra pas se faire tant que le pays sera influencé par la cupidité et les intérêts personnels. Dans ce contexte, la Libye a besoin d’un gouvernement qui considère la démocratie, la réconciliation nationale et la sécurité comme des piliers indivisibles. Nous devons construire une Libye unifiée, souveraine et indépendante, capable de coopérer avec ses partenaires internationaux en créant des opportunités économiques fructueuses.
Mais une Libye indépendante ne peut tolérer les ingérences. Comme l’a redemandé l’ONU le 25 mars, les combattants étrangers et mercenaires doivent quitter le pays immédiatement, en accord avec le cessez-le-feu signé le 23 octobre 2020. Les pays étrangers doivent accepter ces règles et seront soumis à la résolution du Conseil de sécurité qui vise à déployer des observateurs internationaux afin de contrôler ce cessez-le-feu, expulser les mercenaires et assurer l’adoption de la feuille de route, en particulier l’engagement en faveur des élections.
J’appelle solennellement l’ensemble de la communauté internationale à soutenir activement toutes ces mesures. Pour que ce processus indispensable à l’avenir de notre pays aboutisse, nous avons besoin de la bonne volonté de toutes les parties prenantes. Les Libyens ont assez souffert ces dernières années. Le passé tourmenté qui hier nous divisait doit aujourd’hui servir à nous relever, ensemble. Plus que jamais, il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre pour la Libye, où la démocratie instaure les nouvelles bases de notre pays.
Source : Le Monde