Le président tunisien Kaïs Saïed a inauguré, vendredi, la Foire internationale du Livre de Tunis, mais peu de temps après la visite du chef de l’État, des agents de sécurité du ministère de la Culture ont confisqué le dernier livre du romancier Kamel Riahi évoquant un « Frankenstein tunisien incarné par le chef de l’État », selon des médias étrangers et une vidéo mise en ligne par la maison d’édition « Dar al-Kitab ».
Devant les journalistes, Saïed a insisté sur l’importance de « libérer la pensée ». « Nous ne pouvons rien accomplir avec une pensée figée et rigide », a-t-il souligné lors de cet évènement dont la 37e édition se tient du 28 avril au 7 mai dans la capitale Tunis.
Cependant peu après la visite du chef de l’État, des agents de sécurité du ministère de la Culture ont fermé le stand de l'éditeur Dar al-Kitab (la Maison du livre) et confisqué le livre du romancier Kamel Riahi intitulé « Le Frankenstein tunisien », selon des médias étrangers et une vidéo mise en ligne par l’éditeur.
Dans un post partagé sur ses réseaux sociaux, Kamel Riahi présente son dernier livre écrit en arabe comme un essai politique. Selon l’auteur, qui réside au Canada, « Le Frankenstein tunisien est incarné par Kaïs Saïed, lequel serait ce monstre créé par des Tunisiens frustrés par tant de déception après la révolution de 2011 », qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
« J'ai été informé que mon livre a été confisqué et le stand de la maison d'édition fermé », a-t-il affirmé à des médias étrangers, estimant que les autorités « cherchaient un prétexte » pour censurer le livre à sa sortie.
De son côté, le directeur de la maison d’édition « Dar al-Kitab », Habib Zoghbi, a indiqué que « des agents de sécurité du ministère de la Culture ont confisqué le livre et fermé notre stand après la visite de Saïed ».
Les agents ont justifié cette mesure par « la possession d'un livre non autorisé » a-t-il indiqué, ajoutant que 80 exemplaires du livre ont déjà été vendus sur les 100 copies qui ont été éditées, alors que les 20 exemplaires restants ont été confisqués.
Sur la vidéo mise en ligne par l’éditeur, on peut distinguer le stand recouvert d'une bâche noire avec l'inscription « fermé par une décision arbitraire ». D’autres stands d’éditeurs ont fermé par « solidarité » avec la maison d’édition « Dar al-Kitab ».
Source : AA