Au Brésil, Jair Bolsonaro crée la surprise en remaniant son gouvernement

Sur les six changements de ministres, seul le départ du chef de la diplomatie brésilienne, Ernesto Araujo, était attendu.

L’annonce a pris de court les observateurs. Le président brésilien, Jair Bolsonaro, a remanié son gouvernement, lundi 29 mars, avec six changements de ministres, dont ceux des affaires étrangères, de la justice et de la défense, a annoncé le ministère des communications.

Seul le départ du chef de la diplomatie brésilienne, Ernesto Araujo, était attendu, ce dernier étant mis en cause dans le fiasco de la politique contre le coronavirus qui a fait près de 314 000 morts au Brésil.

Il y a deux semaines, un autre changement important avait eu lieu à la tête du ministère de la santé, le général Eduardo Pazuello ayant été remplacé par le cardiologue Marcelo Queiroga. C’est le quatrième ministre de la santé depuis le début de l’épidémie au Brésil.

Rapprochement du « Centrao »

Le remaniement de lundi permet notamment au président de se rapprocher du « Centrao », groupe informel de parlementaires centristes qui monnaient leur soutien en échange de postes importants. C’est ainsi qu’il a nommé la députée Flavia Arruda au secrétariat du gouvernement, chargé de dialoguer avec le Parlement. Cette figure du « Centrao » est seulement la troisième femme sur vingt-deux ministres.

Mais le changement que le « Centrao » avait le plus appelé de ses vœux était au ministère des affaires étrangères. « Beaucoup d’erreurs ont été commises dans le combat contre la pandémie, l’une d’entre elles est l’absence de relations diplomatiques productives avec des pays qui auraient pu collaborer avec le Brésil en ce moment de crise », a ainsi déploré le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, la semaine dernière.

Personnage fantasque, M. Araujo, 53 ans, était l’un des membres les plus exaltés de l’« aile idéologique » du gouvernement Bolsonaro, un farouche détracteur de la mondialisation et fervent admirateur de l’ex-président américain, Donald Trump. Il n’a eu de cesse de fustiger le « marxisme culturel » qui a « influencé le dogme scientifique du réchauffement climatique ». M. Araujo a souvent irrité par ses déclarations provocatrices la Chine « maoïste », alors que Pékin est le premier partenaire commercial du Brésil.

En octobrer, il avait admis que l’isolement diplomatique du Brésil n’était pas vraiment un problème pour lui. « Oui, le Brésil parle de liberté dans le monde entier. Si ça fait de nous un paria, qu’on soit ce paria », avait-il déclaré devant de futurs diplomates du Brésil. Il a finalement été remplacé par Carlos Alberto Franco França, un ancien ambassadeur qualifié de « diplomate discret » par le quotidien Folha de S. Paulo.

Un jeu des chaises musicales

Si le départ de M. Araujo était dans l’air depuis plusieurs semaines, celui de Fernando Azevedo e Silva du ministère de la défense a pris tout le monde de court. Dans un bref communiqué, il a assuré avoir été « entièrement loyal » au président Bolsonaro. Mais il a tenu aussi à souligner ses efforts pour « préserver l’armée comme une institution d’Etat ».

Des sources citées par le journal O Globo révèlent que le ministre était mal à l’aise à cause de manifestations de militants pro-Bolsonaro nostalgiques de la dictature militaire (1964-1985) qui avaient réclamé une « intervention » de l’armée contre le Parlement et la Cour suprême.

« Le motif de ce départ n’est pas clair, soit le président veut confier ce poste à un allié politique, soit ils ont eu une grave divergence », a expliqué à l’Agence France-Presse Mauricio Santoro, politologue de l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro.

Le nouveau ministre de la défense était déjà au gouvernement : le général Walter Braga Netto quitte ainsi le poste de ministre de la Casa Civil, à mi-chemin entre les fonctions de chef de cabinet et de premier ministre. Ce dernier cède son poste à un autre général, Luiz Eduardo Ramos, remplacé par Flavia Arruda au secrétariat du gouvernement.

Le jeu des chaises musicales concerne aussi le ministre sortant de la justice, qui retrouve son poste d’avocat général de l’Union, chargé de la défense des intérêts juridiques du pays, André Mendonça. Jair Bolsonaro a nommé à la justice un ancien policier, Anderson Gustavo Torres.

Source : Le Monde avec AFP

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