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- Le 22 Novembre 2024
Déjà en 2017, un référendum officiel avait été organisé, à l'issue duquel le «oui» au rattachement au canton du Jura - francophone, donc - l'avait emporté de justesse.
Ville coupée en deux, manifestations interdites... La Suisse a pris des mesures drastiques à Moutier qui doit décider dimanche 28 mars lors d'un référendum historique si la commune passe du canton germanophone de Berne à celui du Jura, francophone.
Signe des tensions, la Confédération a envoyé des observateurs pour surveiller la régularité du scrutin, alors qu'un premier vote en 2016 avait été invalidé en raison d'irrégularités. D'autres mesures exceptionnelles ont été prises par la Confédération pour ce nouveau scrutin: contrôle du registre électoral, envoi du matériel de vote par l'Office fédéral de la justice et distribution du matériel de vote par des observateurs fédéraux dans les hôpitaux et établissements médico-sociaux pour personnes âgées. Les manifestations sont interdites, et la ville de quelque 7500 habitants, placée sous haute surveillance policière, a été divisée en deux zones pour ce dimanche, afin que les autonomistes et les antiséparatistes attendent les résultats sans se croiser.
Le dépouillement en public étant impossible en raison de l'épidémie de Covid-19, il sera diffusé en direct sur internet, pour garantir la transparence du processus électoral.
Autant de mesures à la hauteur de l'enjeu car ce vote pourrait mettre fin à un conflit vieux de plusieurs décennies.
Il y a plus de 40 ans, le 24 septembre 1978, le peuple suisse acceptait dans les urnes la création du Jura, dernier canton de la Confédération helvétique à avoir vu le jour. Certains districts avaient alors choisi de former le canton du Jura tandis que d'autres avaient préféré rester auprès de Berne. À Moutier, les habitants avaient ainsi fait part de leur souhait de rester bernois, mais ils ont ensuite, paradoxalement, élu des autorités séparatistes qui n'ont eu de cesse de vouloir divorcer de Berne.
Outre la volonté de rejoindre un canton francophone, Moutier entend mieux se faire entendre auprès des autorités régionales, puisqu'elle deviendrait l'une des principales villes du Jura, au lieu de n'être que l'une des très nombreuses petites communes bernoises.
Deux ans plus tard, la ville de Moutier a, à son tour, organisé une consultation, mais non reconnue par les autorités cantonales, afin de sonder sa population sur le sujet. Les habitants avaient refusé à une très courte majorité leur rattachement au Jura, faute de garanties économiques suffisantes.
Tenace, Moutier a de nouveau organisé en 2017 un référendum, cette fois officiel, à l'issue duquel le «oui» au rattachement au canton du Jura l'a emporté de justesse sur le «non» au maintien dans le canton de Berne par 2067 voix contre 1930. Mais un an plus tard, le référendum a été invalidé en raison notamment d'une tenue aléatoire du registre électoral municipal. Le groupe séparatiste jurassien Bélier avait alors dénoncé un «scandale», tandis que son adversaire pro-bernois Sanglier avait appelé à la démission des membres de la municipalité de Moutier.
Moutier n'est pas un cas isolé. Non loin de là, les 72 habitants de la commune bernoise de Vellerat, appelée aussi «le village d'Astérix» pour sa résistance aux autorités bernoises, ont obtenu en 1996, après des années de lutte acharnée, leur rattachement au Jura, grâce à un référendum fédéral. D'autres communes, comme Belprahon et Sorvilier, ont voté ces dernières années sur leur appartenance cantonale. Mais le vote à Moutier doit constituer, selon les autorités fédérales, «l'ultime vote populaire en lien avec la Question jurassienne».
Le débat sur le conflit jurassien a été émaillé au cours de plusieurs décennies d'occupations de locaux, dont des ambassades suisses à Paris et Bruxelles, de sabotages et même de la mort en 1993 d'un autonomiste du groupe Bélier qui transportait une bombe.
Source : Le Figaro