Ouïgours : nouvelles sanctions de la Chine contre des personnalités américaines et canadiennes

Des annonces qui surviennent à la suite des sanctions imposées en début de semaine par ces pays face au traitement de sa minorité ouïgoure.

Les représailles chinoises contre les pays occidentaux se poursuivent. La Chine a annoncé, samedi 27 mars, des sanctions contre trois personnalités et une entité du Canada et des Etats-Unis. Des annonces qui surviennent à la suite des sanctions imposées en début de semaine par ces pays face au traitement de sa minorité ouïgoure.

Deux membres de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, Gayle Manchin et Tony Perkins, ainsi que le député canadien Michael Chong et une commission parlementaire canadienne sur les droits de l’homme sont interdits d’entrée en Chine continentale, à Hongkong et à Macao, a fait savoir le ministère des affaires étrangères chinois.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a dénoncé des sanctions « sans fondement », dans un communiqué. « Les tentatives de Pékin d’intimider et de faire taire ceux qui défendent les droits de l’homme et les libertés fondamentales ne font que contribuer à l’attention internationale croissante sur le génocide et les crimes contre l’humanité qui sont en cours au Xinjiang », ajoute-t-il.

« Les sanctions de la Chine sont une attaque envers la liberté d’expression, la transparence et la démocratie », a réagi, de son coté, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, dans un tweet. « Le Canada est solidaire de ses parlementaires contre ces mesures inacceptables et continuera de défendre les droits de la personne avec ses partenaires internationaux », a-t-il ajouté.

« Nous devons nous unir pour rappeler à ceux qui violent les droits de la personne et les droits démocratiques que le monde est aux aguets », a insisté de son côté le chef de la diplomatie canadienne, Marc Garneau, qui juge lui aussi « inacceptables » les sanctions chinoises.

Le député canadien visé, le conservateur Michael Chong, a réagi sur Twitter, affirmant considérer la sanction chinoise comme une « distinction honorifique »« Nous avons le devoir de demander des comptes à la Chine pour sa répression à Hongkong et son génocide des Ouïgours. Nous qui vivons librement dans des démocraties, sous un Etat de droit, devons être la voix de ceux qui n’en ont pas », a ajouté M. Chong.

« Nous sommes solidaires avec le Canada, le Royaume-Uni, l’UE et d’autres partenaires et alliés dans le monde, a également déclaré M. Blinken, en appelant la République populaire de Chine à mettre fin aux violations des droits de l’homme et aux abus à l’encontre des Ouïgours majoritairement musulmans et de membres d’autres groupes ethniques et religieux minoritaires au Xinjiang et à libérer les personnes détenues arbitrairement. »

« Manipulation politique », selon la Chine

Selon le ministère des affaires étrangères chinois, les Etats-Unis et le Canada imposent des sanctions « sur la base de rumeurs et de désinformation ».

Les responsables sanctionnés, à qui il est également interdit de faire des affaires avec des citoyens et des institutions chinoises, « doivent cesser toute manipulation politique sur les questions liées au Xinjiang, cesser de se mêler des affaires intérieures de la Chine de quelque façon que ce soit », a réagi le ministère.

« Sinon, ils se brûleront les doigts », prévient le communiqué du ministère des affaires étrangères.

L’Union européenne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada ont annoncé lundi des sanctions coordonnées contre des dirigeants passés ou actuels de la région du Xinjiang, où Pékin impose depuis quelques années une surveillance policière drastique. La Chine a immédiatement riposté avec des sanctions contre des personnalités européennes et britanniques.

Selon des études publiées par des instituts américain et australien, rejetées par Pékin, au moins un million de Ouïgours ont été internés dans des « camps » au Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, et certains soumis à du « travail forcé », notamment dans des champs de coton. Washington estime que la répression de cette minorité musulmane constitue un « génocide ».

Source : Le Monde avec AFP

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