Paris et Canberra ont annoncé, lundi, un accord pour la coproduction de plusieurs milliers d'obus de 155 millimètres destinés à l'Ukraine.

Les obus seront fabriqués par l'industriel français Nexter, alors que les Australiens fourniront la poudre, selon l'annonce faite lors d'une conférence de presse commune à l'issue d'une rencontre à Paris entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la France et de l'Australie.

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu a fait part de son espoir "que les premiers obus soient livrés au cours du premier trimestre" 2023.

"Nous voulons avoir une offre robuste et résiliente dans le temps", a-t-il souligné, précisant que cette coproduction de munitions destinées à l'Ukraine vise à "massifier l'aide tout en partageant les coûts sans prélever dans le stock de nos armées".

Son homologue australien, Richard Marles, Vice-premier ministre et ministre de la Défense, a indiqué qu'il s'agit d'un "projet de plusieurs millions de dollars" australiens, ainsi qu'une "nouvelle coopération entre les industries de défense australiennes et françaises".

- Objectif : Réchauffement des relations franco-australiennes

L'objectif affiché de la réunion sous le format « 2 + 2 », à laquelle ont participé la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, son homologue australienne Penny Wong, ainsi que Sébastien Lecornu et Richard Marles, est celui de consolider la relance récente de la coopération franco-australienne.

Pour rappel, le dialogue bilatéral avait été fortement affectée par « l'affaire Aukus » en 2021, quand Canberra avait annulé un important contrat de sous-marins français, choisissant d'acheter des submersibles aux États-Unis.

"Il y a un retour de la chaleur dans la relation bilatérale", a tenu à souligner le ministre australien de la Défense, Richard Marles, exprimant son souhait d'une relation "plus approfondie" entre les forces de défense des deux pays, ainsi que davantage d'exercices en commun.

- Coopération dans l'espace

Dans sa déclaration à la presse, Sébastien Lecornu a indiqué que les deux pays envisagent de coopérer dans le domaine spatial qui constituera "un des points d'efforts majeurs" dans la coopération militaire entre les deux pays, qu'il s'agisse de la communication ou de la "sécurisation de l'espace depuis l'espace".

Le ministre français a précisé qu'une lettre d'intention a été signée pour acquérir ou louer des services ensembles dans le spatial.

Il a également exprimé son souhait que les deux pays développent une forme de coopération qui inclurait des investissements dans les drones, soulignant l'importance des drones de surveillance pour la France, notamment concernant la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française ou de la Guyane, et rappelant qu'il s'agit "de grandes zones".

Sébastien Lecornu a estimé qu'il serait "un non-sens de ne pas faire d'interopérabilité" entre Paris et Canberra.

- Poursuite des exercices en commun

Le ministre des Armées a ajouté que les exercices en commun ont vocation à se poursuivre, qu'il s'agisse de « Croix du Sud », destinée à lutter contre la pêche illégale, ou des entraînements aériens de l'opération « Pitch Black ».

Sébastien Lecornu a également tenu à souligner que "la présence militaire française [dans la région indo-pacifique] sera renforcée dans les années qui viennent", notamment à travers la Loi de programmation militaire 2024-2030, réitérant qu'il s'agira d'une "opportunité de travailler l'interopérabilité" franco-australienne.

Les deux pays visent également à établir un "agenda de formation", notamment dans la lutte contre les catastrophes naturelles, dans un contexte de bouleversement climatique. Sur cette question, la cheffe de la Diplomatie australienne, Penny Wong, a salué le "leadership français" à travers l'accord de Paris sur le climat.

Pour sa part, la cheffe de la Diplomatie française a annoncé que l'Agence française de développement (AFD) multipliera, cette année, par 2,5, son budget destiné la région indo-pacifique.

Source : AA