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- Le 28 Octobre 2024
Un hiver en dents de scie en Tunisie. Un faible taux de précipitations ainsi qu'une hausse des températures pour un mois de décembre ont été constatés à travers le pays. Le retour timide de la pluie en ce mois de janvier redonne, certes, espoir mais pas au point de dissiper les inquiétudes quant à l'aggravation du stress hydrique. Ces changements climatiques sont révélateurs, selon des experts en la matière, d’un ‘’danger palpable’’ qui guette la Tunisie. Il s’agit bien de la sécheresse qui risque de menacer la sécurité alimentaire du pays et les Tunisiens, en cas de déficit prolongé de précipitations.
Cet hiver qui a démarré tard est un indicateur inquiétant de conséquences dramatiques sur la disponibilité des ressources en eau, alors que les barrages sont presque à sec. Si après de longs mois d'attente, l’hiver s'est enfin installé en Tunisie et des pluies éparses sont tombées dans plusieurs gouvernorats, la donne ne semble pas avoir changé pour autant. La répartition des précipitations a été inégale, où le sud a été légèrement touché alors que des pluies torrentielles se sont abattues dans le nord et l'extrême-nord, a signalé l’Institut national de la météorologie (INM). D'autres régions du nord-ouest ont été couvertes de neige. La pluie tant attendue par les agriculteurs et relativement importante dans certaines régions, reste, toutefois, insuffisante...
‘’La situation est très difficile’’
‘’La situation est très difficile’’, c’est ainsi qu’a averti Hamadi Habib, le directeur général du bureau de la planification et des bilans hydriques au ministère de l'Agriculture.
Rien qu’en décembre dernier, le taux de remplissage de l'ensemble des barrages tunisiens n'a pas dépassé les 29,5% à la date du 25 octobre 2021, affirme-t-il, lors d’une intervention à la Télévision nationale. Rappelant que les quantités d'eau dans les barrages sont "très faibles" et estimées à environ 660 millions de mètres cubes.
Il a, en effet, attribué cette baisse des réserves des barrages aux changements climatiques et aux trois dernières sécheresse qu'a connues la Tunisie.
Des militants écologistes, eux, ont tiré la sonnette d’alarme quant aux effets du réchauffement climatique qui, selon eux, se sont concrétisés dans le quotidien des Tunisiens. Une situation largement moquée sur les réseaux sociaux quand ‘’les baigneurs’’ se sont rabattus sur les plages pour bronzer sous un soleil de décembre.
Selon l'Institut national de météorologie, la Tunisie a enregistré le mois le plus chaud depuis 1950 en novembre dernier, lorsque la température moyenne a dépassé le taux de référence de +1,5 degrés.
La Tunisie en proie à d’éventuelle sécheresse
Dans une déclaration à Anadolu, Hamdi Hachad, Ingénieur en génie halieutique et environnement, spécialisé en climat, a estimé que "la Tunisie connaît cette année une urgence hydrique en raison du réchauffement climatique et de la baisse des quantités de précipitations que nous avons l'habitude d'enregistrer pendant une telle période".
Il a ajouté que "le pourcentage de barrages remplis jusqu'à présent a été estimé à 27 %, ce qui représente une baisse significative par rapport aux années précédentes’’. ‘’Cela risque de provoquer un déséquilibre et une instabilité au niveau des ressources hydriques’’, a-t-il averti.
L'expert a alerté contre d’éventuelles menaces qui pourraient toucher à l’aspect économique, à savoir l’agriculture. Les agriculteurs seront les premiers à subir de telles pressions, car ils devront dans ce cas ne plus opter pour certaines cultures gourmandes en eau.
Hachad a critiqué l’inaction, entre autres, du gouvernement, qui selon lui, n’a pas pris des mesures urgentes pour faire face à cette situation alarmante ni œuvré à revoir le dossier relatif à la gouvernance hydrique.
D’ailleurs, l’ingénieur en génie halieutique et environnement a estimé que "la Tunisie vit un état de pauvreté en ressources en eau et est exposée à un stress hydrique, car certains barrages se sont complètement asséchés et d'autres sont à des niveaux critiques. Alors que la capacité d'absorption des autres ne dépasse pas 50%".
Déséquilibre économique
Interrogé à propos de l’impact de la sécheresse sur l’économie tunisienne, Hachad a rappelé que "la société tunisienne est une société agricole par excellence, et que la baisse des précipitations peut entraîner, par conséquence, une baisse des exportations et donc un déséquilibre économique et des crises sociales".
Le secteur agricole joue un rôle clé et crucial dans l'économie nationale du pays puisqu’il ‘’génère environ 13 % du PIB (17 % avec l’agro-alimentaire) et emploie environ 16 % de la population active’’, selon Jean-François Richard dans son livre, ‘’Le devenir de l'agriculture tunisienne face à la libéralisation des échanges’’.
Il faut savoir aussi que la Tunisie souffre des séquelles de la pandémie du coronavirus, de la guerre en Ukraine ainsi que de l’instabilité politique.
Hachad a, d'ailleurs, mis en garde contre "des scénarios effrayants qui pourraient menacer l'économie tunisienne. ‘’C’est au gouvernement de réagir. L'eau, c'est la stabilité économique et sociale, et son déclin nous fera payer très cher ces conséquences".
Toujours dans ce même contexte, Hachad a souligné ‘’l’impératif de s'occuper de l'entretien des installations hydrauliques, car plus de 50 000 km de canaux de drainage d'eau pour les barrages manquent d’entretien, et de grandes quantités d'eau sont gaspillées avant d'atteindre leur destination’’.
Et notre expert d’ajouter : "Il est nécessaire de procéder à des examens éthiques du gaspillage de l'eau, car le pourcentage de piscines privées se développe avec distinction et les propriétaires ne paient aucune taxe".
Il a également déclaré que "les cultures ornementales utilisent des quantités importantes d'eau, et ces comportements aléatoires de certains cercles d'élite doivent être revus", a-t-il déclaré.
Des experts ont alerté contre trois types de sécheresse. Une sécheresse météorologique lorsqu’elle touche les terres agricoles. Ce qui peut entraîner des dégâts sur les cultures.
S’agissant de la sécheresse hydrologique, ils ont évoqué la réduction des cours d’eau et le rabattement sévère de la nappe phréatique. Des tarissements des puits, seule source d’eau potable dans certaines régions, y seront observés. Les gens seront affectés par l’insuffisance d’eau lorsque la sécheresse socioéconomique s’y installe.
Source : AA