Au Royaume-Uni, des milliers d’élèves dénoncent « la culture du viol » dans les établissements scolaires

La police de Londres a annoncé l’ouverture d’une enquête après la publication de 5 800 témoignages d’abus, de harcèlement et d’agressions sexuelles sur le site Everyone’s Invited.

Edimbourg, Exeter, Manchester, Newcastle, Londres, Eton College, Dulwich College, Latymer Upper School, Westminster School… l’heure est venue pour de prestigieux établissements scolaires britanniques, privés et publics, de rendre des comptes sur les nombreuses agressions sexuelles qui s’y déroulent, écrit le quotidien The Guardian, samedi 27 mars.

Après la publication de plus de 5 800 témoignages d’abus, de harcèlement et d’agressions sexuelles sur le site Internet Everyone’s Invited (« tout le monde est invité ») et une lettre ouverte dans le Sunday Times qui dénoncent une « culture du viol » au sein de ces écoles, la police de Londres a annoncé samedi l’ouverture d’une enquête.

Lancé en juin 2020 par Soma Sara, une étudiante de 22 ans à l’University College de Londres, qui a été victime d’une agression sexuelle, Everyone’s Invited permet aux jeunes Britanniques de partager anonymement les agressions qu’ils et elles ont subies, principalement au long de leur scolarité. Le site raconte les mains glissées sous les jupes, les jeunes filles droguées à des fêtes, le partage massif de photos nues, les viols, les agressions sexuelles et histoires de « revenge porn » arrivés à de très jeunes adolescents, le plus souvent des filles.

Le compte Instagram Everyone’s Invited compte désormais 33 000 abonnés et a vu affluer les témoignages depuis que le meurtre de Sarah Everard, tuée par un policier alors qu’elle rentrait chez elle, a relancé le débat sur les violences faites aux femmes. « Ces histoires ne sont pas limitées à un groupe de population ou à une région, elles sont partout. Une fille en Australie vient de lancer un projet similaire et les témoignages sont très semblables ; les filles partagent maintenant les mêmes histoires en Amérique sur la culture du viol », expliquait-elle au Times, à la mi-mars.

Vendredi soir, la police de Londres a annoncé dans un communiqué qu’elle avait « examiné le contenu » du site pour « encourager » toute victime potentielle à porter plainte et qu’elle avait « par conséquent reçu un certain nombre de plaintes concernant des infractions spécifiques ».

Offrir aux victimes « un soutien spécialisé »

« Nous saluons toute initiative qui encourage les victimes d’un délit sexuel à s’exprimer et à chercher du soutien », a déclaré la commissaire Mel Laremore, chargée des enquêtes pour viols et délits sexuels, et « nous prenons très au sérieux les accusations d’agression sexuelle »« Le nombre de témoignages publiés sur ce site est profondément inquiétant », a-t-elle estimé, ajoutant que la plupart des faits relatés, « passés ou actuels », avaient eu lieu dans « des établissements scolaires de Londres et de tout le pays ».

La police a déclaré qu’elle avait contacté les écoles identifiées pour offrir aux victimes d’agression sexuelle « un soutien spécialisé ». Elle est aussi entrée en contact avec Soma Sara, afin de proposer l’insertion d’un lien permettant aux contributeurs de contacter directement la police.

La pression est montée sur les écoles, qui se voient reprocher leur passivité face au climat régnant dans leurs murs. Mentionnée à plusieurs reprises sur Everyone’s Invited, la Highgate School, école privée du nord de Londres, a annoncé vendredi dans un communiqué lancer une enquête indépendante. « Profondément choqué et horrifié par ces révélations », l’établissement a promis que les voix des victimes seraient « entendues ».

D’autres, comme le Dulwich College, préfèrent détourner le regard : un rassemblement organisé par des élèves pour protester contre la « culture du viol » a été annulé après des menaces de mesures disciplinaires par l’école et d’une amende par la police.

Source: Le Monde avec AFP

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