Ethiopie : une délégation gouvernementale en route pour la région du Tigré

Plus de deux ans après le début de la guerre, cette première visite officielle de hauts représentants fédéraux vise à « superviser » l’application de l’accord de paix signé le 2 novembre avec les autorités rebelles.

Une délégation du gouvernement éthiopien était en route, lundi 26 décembre au matin, vers Makalé, la capitale du Tigré, pour la première visite officielle de hauts représentants fédéraux plus de deux ans après le début d’un conflit dans cette région rebelle.

Ce groupe d’officiels, emmené par le président de la Chambre des représentants, Tagesse Chafo, doit « superviser l’application des principaux points de l’accord de paix » signé le 2 novembre avec les autorités rebelles tigréennes, détaille le service de communication du gouvernement dans un communiqué sur Facebook. « Ce geste est une preuve que l’accord de paix est sur la bonne voie et progresse », ajoute-t-il, accompagnant le texte d’une photo de la délégation, composée d’une vingtaine de personnes, sur un tarmac d’aéroport. 

Sur cette photo figurent notamment le conseiller du premier ministre à la sécurité nationale, Redwan Hussein, les ministres Gedion Timotheos (justice), Dagmawit Moges (transports et communications) et Melaku Alebel (industrie), ainsi que les PDG des compagnies Ethiopian Airlines et Ethio Telecom.

Des dizaines de milliers de morts

Les combats au Tigré ont débuté en novembre 2020, quand le premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale arrêter les dirigeants de la région, qui contestaient son autorité depuis des mois et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales. Après deux ans d’une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts et plongé la région dans une profonde crise humanitaire, le gouvernement et les autorités rebelles ont signé le 2 novembre à Pretoria un accord de paix qui prévoit notamment un désarmement des forces rebelles, le rétablissement de l’autorité fédérale au Tigré et la réouverture des accès à la région.

Depuis, les combats ont cessé, de l’aide alimentaire et médicale arrive peu à peu, les rebelles ont annoncé avoir « désengagé » 65 % de leurs combattants des lignes de front, la ville de Makalé a été raccordée au réseau électrique national et la principale banque a annoncé la reprise de ses opérations financières dans certaines villes.

Mais les autorités rebelles ainsi que des habitants et des travailleurs humanitaires ayant témoigné auprès de l’AFP accusent l’armée de l’Erythrée, pays qui borde la frontière nord du Tigré, et des forces de sécurité et milices de la région éthiopienne de l’Amhara, jouxtant sa frontière sud, de nombreuses exactions sur les civils (pillages, viols, enlèvements, exécutions…). Ces deux forces ont prêté main-forte à l’armée éthiopienne durant le conflit mais n’étaient pas présentes aux discussions de Pretoria.

Depuis la signature de l’accord, les représentants des autorités rebelles et du gouvernement se sont rencontrés à plusieurs reprises. Au terme de leur dernière réunion, jeudi, ils ont convenu d’un mécanisme de suivi du cessez-le-feu qui permettra également de recueillir les plaintes en cas de violations sur les civils.

Source : Le Monde avec AFP

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