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- Le 28 Octobre 2024
Bruxelles veut sa juste part des vaccins : AstraZeneca ne sera pas autorisée à exporter ses doses produites dans l'UE tant qu'elle n'aura pas rattrapé ses retards de livraison aux Vingt-Sept, a averti, jeudi, la Commission à l'issue d'un sommet européen. Dominée par les problèmes d'approvisionnement des Vingt-Sept, cette réunion par visioconférence a aussi été l'occasion d'un court échange avec le président américain Joe Biden, un symbole fort du renouveau de la relation transatlantique après les années Trump.
La réunion s'est tenue dans un contexte politique tendu. La montée de la troisième vague de la pandémie a conduit plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, à durcir à nouveau les restrictions imposées à la population, et les campagnes de vaccination sont à la peine. Critiquée pour sa stratégie, l'UE a décidé de muscler son jeu, notamment face au Royaume-Uni, accusé de garder les vaccins produits sur son sol tout en recevant des livraisons depuis le continent. Pour améliorer l'accès aux précieux flacons, la Commission européenne a renforcé son mécanisme de contrôle des exportations, afin de les restreindre drastiquement vers les pays qui en produisent eux-mêmes ou dont la population est déjà largement vaccinée.
Interrogée à l'issue de la réunion des 27, la présidente de l'exécutif européen a prévenu : « Dans le cas d'AstraZeneca, il est clair que l'entreprise devra d'abord rattraper son retard pour remplir le contrat qu'elle a avec les États membres de l'UE, avant qu'elle ne puisse s'engager à nouveau dans des exportations de vaccins » hors du continent. Le mécanisme a déclenché l'ire du Royaume-Uni, premier destinataire des doses exportées hors du continent. Même si Londres et l'UE se sont engagés à trouver une solution et pourraient parvenir à un accord dès samedi, croit savoir le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, dont le pays héberge une usine produisant le vaccin AstraZeneca.
Ce dispositif de contrôle des vaccins, un moyen de pression comparé à un « pistolet chargé sous la table » par une source européenne, est soutenu par plusieurs pays, dont l'Italie et la France, mais certains sont plus réservés. « Nous avons toute confiance dans l'action de la Commission, mais il est souhaitable que les chaînes d'approvisionnement ne soient pas remises en question », a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, exprimant une préoccupation partagée par un pays comme la Belgique, terre de nombreux sites de production pharmaceutique.
Dans leur déclaration finale, les Vingt-Sept soulignent qu'« accélérer la production, les livraisons et le déploiement des vaccins reste essentiel et urgent pour surmonter la crise, et que les efforts en ce sens doivent être intensifiés ». L'UE s'est fixé comme objectif de vacciner 70 % de la population adulte d'ici à la fin de l'été. Un objectif réaffirmé par Ursula von der Leyen, qui table sur les livraisons prévues dans les prochaines semaines. L'UE peut se targuer d'avoir beaucoup exporté de vaccins : depuis début décembre, 21 millions de doses produites sur son sol sont allées au Royaume-Uni, soit les deux tiers de celles qui ont été administrées aux Britanniques, selon des chiffres de la Commission.
Au total 77 millions de doses ont été expédiées vers 33 pays, sans compter les contributions à l'initiative internationale Covax en faveur des pays défavorisés. Et 88 millions de doses sont restées dans l'UE pour être distribuées aux États membres. Autre question sensible, la répartition des vaccins au sein des 27 : six pays, dont l'Autriche, qui s'estiment lésés, ont demandé un mécanisme de correction du système. L'UE est prête à chercher une solution pour aider les pays les plus en difficulté, comme la Bulgarie, la Lettonie et la Croatie, mais cela ne concerne pas l'Autriche, qui « n'est pas en mauvaise posture pour le moment », selon Mark Rutte.
Dans la soirée, le président américain Joe Biden s'est joint à la réunion virtuelle, peu après sa première conférence de presse à la Maison-Blanche, lors de laquelle il a annoncé doubler son objectif de vaccinations contre le Covid-19 pour ses 100 premiers jours. La dernière participation d'un président américain à une réunion des chefs d'État et de gouvernement européens remonte à 2009, quand Barack Obama avait participé à un sommet UE-États-Unis. « En se tenant côte à côte, l'UE et les États-Unis peuvent montrer que les démocraties sont les mieux à même de protéger leurs citoyens, promouvoir la dignité et servir la prospérité », a tweeté Charles Michel.
Côté diplomatie, l'UE s'est dite prête à renouer avec Ankara après des mois de tensions en Méditerranée orientale, mais a posé des conditions au président Recep Tayyip Erdogan. Les Européens, qui ont prévu de faire un point en juin, demandent la poursuite de la désescalade actuelle et que « la Turquie s'engage de manière constructive ».
Source : AFP