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- Le 28 Octobre 2024
Elle rejoint 22 autres Etats où la peine de mort a déjà été abolie, mais sa décision est d’autant plus symbolique qu’aucun Etat de l’ancien Sud confédéré n’avait encore franchi ce pas.
Désormais officialisée, la décision est d’autant plus symbolique qu’aucun Etat de l’ancien Sud confédéré n’avait encore franchi ce pas. Alors qu’elle possède le record d’exécutions sur le sol américain, la Virginie a rejoint, mercredi 24 mars, les 22 autres Etats américains où la peine de mort a déjà été abolie.
« Aujourd’hui, il n’y a pas de place pour la peine capitale dans cet Etat, dans le Sud et dans ce pays », a affirmé le gouverneur démocrate Ralph Northam lors d’une cérémonie à la prison de Greensville, où avaient lieu jusqu’ici les exécutions. L’abolition de la peine de mort est « la bonne chose à faire », a-t-il dit.
Il a notamment évoqué le cas d’Earl Washington, un homme handicapé qui avait été condamné à mort en 1984 et dont l’exécution avait été suspendue neuf jours seulement avant la date prévue. Il a été, finalement, acquitté en 2000.
« Le système a permis qu’un innocent soit condamné pour meurtre et si M. Washington est la seule personne à notre connaissance à avoir été sauvée du couloir de la mort en Virginie, peut-on vraiment être sûr qu’il n’y en a pas d’autres ? », a-t-il interrogé.
« On ne peut pas infliger cette punition ultime sans être sûr à 100 % que l’on a raison et on ne peut pas infliger à quelqu’un cette punition ultime en sachant que le système ne marche pas de la même manière pour tout le monde », a-t-il expliqué, soulignant que 296 des 377 prisonniers exécutés au XXe siècle étaient des Afro-Américains. Le gouverneur Northam a souligné l’histoire « longue et compliquée » de la Virginie, où « le racisme et les discriminations de notre passé se répètent aujourd’hui dans notre système [judiciaire] ».
Après des débats très tendus, les deux Chambres de l’Etat avaient voté en faveur d’une loi pour abolir la peine capitale en début d’année. La Virginie rejoint 22 autres Etats américains où la peine de mort a déjà été abolie et trois autres (Californie, Oregon, Pennsylvanie) qui observent un moratoire.
Les colons européens établis à Jamestown, en Virginie, ont procédé en 1608 à ce qui est considéré comme la première exécution sur le sol américain, celle d’un capitaine accusé d’espionnage.
Depuis, la Virginie a exécuté 1 391 condamnés, selon le Centre d’information sur la peine de mort, plus que n’importe quel autre territoire américain. Et depuis le rétablissement de la peine capitale par la Cour suprême en 1976, seul le Texas a procédé à davantage d’exécutions.
La Virginie abrita un temps la capitale des Etats confédérés pendant la guerre de Sécession (1861-1865) et son application de la peine capitale est liée à son passé esclavagiste. C’est en Virginie qu’ont débarqué en 1619 les premiers esclaves capturés en Afrique.
Le directeur exécutif du Centre d’information sur la peine de mort, Robert Dunham, a salué la décision « extraordinairement significative » du gouverneur, au moment où l’application de la peine de mort continue de décliner au niveau national.
C’est aussi « un point historique dans les relations raciales aux Etats-Unis », a-t-il ajouté, rappelant que la peine capitale dans cet Etat « est profondément enracinée dans l’esclavage, les lynchages et les lois ségrégationnistes ».
Depuis une dizaine d’années, la Virginie avait toutefois quasiment renoncé à la peine capitale et seuls deux condamnés restaient dans les couloirs de la mort. La loi prévoit que leur peine soit commuée en rétention à perpétuité. « Le gouvernement n’exécutera plus personne, mais soyez en sûrs : si vous commettez le plus sérieux des crimes, vous serez punis », a mis en garde Ralph Northam.
En 2020, la plupart des Etats ont suspendu les exécutions à cause de la pandémie de Covid-19. A contre-courant, l’administration de Donald Trump a toutefois renoué avec les exécutions fédérales, interrompues depuis dix-sept ans et a mis à mort treize condamnés entre juillet et son départ de la Maison Blanche. Cette série, sans précédent, ne devrait pas se poursuivre, son successeur Joe Biden ayant promis de travailler pour abolir la peine de mort fédérale.
Source : Le Monde avec AFP