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- Le 22 Novembre 2024
La militante saoudienne des droits humains Loujain al-Hathloul est libre. Après quasiment trois ans passés en prison, elle a été libérée par les autorités, ont annoncé des membres de sa famille, mercredi 10 février.
La militante saoudienne des droits humains Loujain al-Hathloul a été libérée mercredi après quasiment trois années passées en prison, a annoncé sa famille, au moment où Riyad fait face à des critiques grandissantes concernant le respect des droits humains dans le royaume.
"Loujain a été libérée", a écrit mercredi soir en arabe sur Twitter sa sœur Lina al-Hathloul.
"Loujain est rentrée à la maison après 1 001 jours passés en prison", a encore écrit sa sœur en publiant un portrait souriant de la militante de 31 ans.
Loujain Hathloul avait été arrêtée en mai 2018, avec d'autres militantes, peu avant la levée de l'interdiction de conduire faite aux Saoudiennes, une réforme pour laquelle ces femmes militaient.
Elle a été condamnée le 29 décembre à cinq ans et huit mois de prison en vertu d'une loi "antiterroriste", dont un sursis de deux ans et dix mois "à condition qu'elle ne commette pas de nouveau crime dans les trois ans".
La période passée en détention provisoire étant prise en compte, sa famille avait bon espoir qu'elle soit libérée d'ici à mars.
Le tribunal avait également interdit à la militante de quitter le royaume pendant cinq ans selon sa famille.
"Loujain est à la maison, mais elle n'est pas libre. Le combat n'est pas terminé", a affirmé Lina al-Hathloul.
Les autorités saoudiennes n'ont pas officiellement commenté la détention, le procès ou la libération de Loujain al-Hathloul.
"La libération de Loujain al-Hathloul après une terrible épreuve en prison en Arabie saoudite, qui a duré près de trois ans, est un soulagement incroyable", a déclaré Lynn Maalouf, d'Amnesty International.
"Rien ne peut rattraper le traitement cruel qu'elle a subi, ni l'injustice de son emprisonnement", selon l'organisation.
Pression américaine
"Il est certain que sa libération est une étape bienvenue", a également affirmé le porte-parole du département d'État américain Ned Price. "Promouvoir les droits des femmes et les autres droits humains ne doit jamais être criminalisé."
Le nouveau président américain Joe Biden s'était engagé pendant sa campagne électorale à faire de l'Arabie saoudite un État "paria" en raison de ses atteintes aux droits de l'homme, sur lesquelles son prédécesseur Donald Trump avait largement fermé les yeux pendant son mandat.
Joe Biden devrait tenter de pousser à la libération de prisonniers détenteurs de la double nationalité américaine et saoudienne, des militants et même des membres de la famille royale, dont beaucoup sont détenus sans accusation formelle.
"Les élections ont de l'importance et l'arrivée de l'administration Biden, qui a mis les droits humains à la tête de ses priorités concernant l'Arabie saoudite, a de l'impact", a commenté mercredi à l'AFP Kristin Diwan, de l'Arab Gulf States Institute à Washington.
"Il faut aller plus loin avant qu'on puisse parler de progrès en termes de droits humains", estime-t-il toutefois.
Militante de la cause des Saoudiennes, Loujain al-Hathloul a défendu le droit des femmes à conduire et s'est opposée à la tutelle mettant la femme à la merci totale de l'homme.
Elle avait été qualifiée de "traître" par la presse locale pour avoir eu des contacts avec des diplomates et des ONG internationales.
Allégations de torture
Loujain al-Hathloul avait entamé une grève de la faim en prison le 26 octobre avant de l'interrompre deux semaines plus tard, selon Amnesty international et sa famille.
La militante a été victime de harcèlement sexuel et de torture pendant sa détention, selon sa famille, des allégations démenties par les autorités.
Le cas de la jeune femme avait été transféré fin novembre à une cour chargée des affaires de "terrorisme", selon sa famille.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhan, avait révélé début décembre que Loujain al-Hathloul était accusée d'avoir été en contact avec des États "hostiles" au royaume et d'avoir transmis des informations confidentielles.
Mais le gouvernement saoudien n'a apporté aucune preuve tangible à l'appui de ces accusations, selon des proches de la militante.
Le bureau des droits de l'homme de l'ONU avait jugé en décembre "profondément troublante" la condamnation, qualifiant la détention de la militante d'"arbitraire".
Amnesty International avait dénoncé la "cruauté" du régime envers "l'une des femmes les plus courageuses" du royaume.
Avec AFP