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- Le 22 Novembre 2024
Pékin rejette les accusations et dit que les « camps » sont des « centres de formation » pour éloigner la minorité musulmane de l’extrémisme.
Ambassadeurs convoqués, dénonciation des « mensonges » dont elle se dit victime : la Chine a vivement répliqué mardi 23 mars après que les Occidentaux lui ont imposé des sanctions pour le traitement infligé à la minorité ouïgoure.
Selon des études d’instituts américains et australiens, au moins un million de Ouïgours ont été internés dans des « camps » de la région chinoise du Xinjiang (nord-ouest) et certains soumis à du « travail forcé » et des « stérilisations ».
La Chine dément catégoriquement les deux dernières accusations et affirme que les « camps » sont des « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner la population de l’extrémisme religieux et du séparatisme, après une série d’attentats attribués à des Ouïgours.
En réaction, l’Union européenne (UE) a imposé lundi des sanctions contre quatre dirigeants passés ou actuels du Xinjiang. Le Royaume-Uni et le Canada ont fait de même. Quant aux Etats-Unis, qui sanctionnaient déjà deux de ces responsables depuis 2020, ils ont ajouté les deux autres à leur liste.
Londres a salué « un signal extrêmement clair de l’unité de la communauté internationale dans sa condamnation des violations des droits de l’homme au Xinjiang ». Pékin a répliqué en sanctionnant dix personnalités européennes, dont cinq élus du Parlement européen, toutes accusées « de propager des mensonges » en s’appuyant sur des études que la Chine estime biaisées.
Ces derniers et leurs familles seront interdits de séjour en Chine continentale, à Hongkong et Macao. Quatre fondations européennes sont également visées par Pékin, dont l’Alliance des démocraties, une institution danoise dirigée par l’ex-secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen.
Pékin a annoncé mardi avoir convoqué l’ambassadrice de Grande-Bretagne ainsi que « dans la nuit » l’ambassadeur de l’Union européenne en Chine, Nicolas Chapuis, afin de « condamner dans les termes les plus vifs » des sanctions européennes « fondées sur des mensonges et de fausses informations ».
Par contraste, l’ambassadeur de Chine à Paris ne s’est pas rendu lundi à une convocation de la diplomatie française qui avait dénoncé ses attaques contre des parlementaires et un chercheur français. Il s’y est finalement rendu mardi matin après des protestations de Paris, qui lui a fait part de ses « griefs ».
La Belgique a également convoqué l’ambassadeur de Chine à Bruxelles. Le Danemark a fait de même, ainsi que l’Allemagne, qui a déclaré qu’elle avait demandé au diplomate chinois que la décision de Pékin soit « immédiatement annulée ».
« L’UE n’est pas qualifiée pour se poser en donneuse de leçon à l’égard de la Chine sur les droits de l’homme », avait opposé au représentant de Bruxelles le vice-ministre des affaires étrangères, Qin Gang. « La Chine exhorte l’UE à reconnaître la gravité de son erreur, à la corriger et à mettre fin à la confrontation, afin de ne pas causer davantage de dommages aux relations sino-européennes », a-t-il ajouté.
Le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, est également monté au créneau mardi lors d’une rencontre en Chine avec son homologue russe Serguei Lavrov. « Ces derniers jours, une minorité de puissances occidentales ont chacune pris la parole pour diffamer et critiquer la Chine », a dénoncé M. Wang.
« Toutefois, elles doivent savoir ceci : l’époque où elles pouvaient inventer des histoires ou fabriquer un mensonge afin de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine appartient à un passé définitivement révolu. »
Les sanctions occidentales décidées lundi pourraient être le signe d’un raffermissement des liens entre les Etats-Unis et leurs alliés face à Pékin, après la désunion constatée durant le mandat de Donald Trump.
« Franchement, cela ne nous inquiète pas du tout », a lancé devant la presse la porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying. Ceux qui sous-estimeraient la détermination de Pékin « paieront pour leur bêtise et leur arrogance », a-t-elle averti.
Elle a en outre laissé entendre que l’accord sur l’investissement signé fin 2020 entre Pékin et l’UE pourrait pâtir des différends bilatéraux. « Les Européens ne peuvent pas obtenir des gains d’un côté et imposer des sanctions de l’autre », a-t-elle observé.
Les points de friction entre l’Occident et la Chine restent nombreux : répression contre l’opposition à Hongkong, accès du marché chinois, investissements chinois en Europe, mer de Chine méridionale ou encore Taïwan.
Alors que le départ de Donald Trump aurait pu amorcer une détente entre Pékin et Washington, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a repris la qualification de « génocide » pour évoquer le traitement des Ouïgours, un terme déjà utilisé par son prédécesseur Mike Pompeo.
Source : Le Monde avec AFP